Comme dirait Eric Barbot, ardent joueur du TCCB “pour progresser au tennis, il faut vivre des moments de tennis - avec la raquette - et d’autres... sans la raquette”. Ce post a été spécialement conçu pour vous accompagner dans un moment “sans raquette”. C’est donc le moment de vous faire couler un petit café ou de vous servir un petit apéro et de vous installer confortablement dans votre canapé. Ce post est truffé d'extraits vidéo spectaculaires (cliquez sur les liens bleus) et d'anecdotes historiques. De quoi régaler vos 10 prochaines minutes. Nous allons explorer un geste iconique qui a fait l’histoire du tennis ! Un coup mythique de la petite balle jaune, popularisé par Yannick Noah et repris depuis par les meilleurs : le coup entre les jambes !
Le coup entre les jambes, aussi connu sous le nom de "tweener", est un geste audacieux et spectaculaire qui consiste à frapper la balle de tennis en passant la raquette entre les jambes. Ce coup, qui requiert une grande souplesse, agilité et coordination, est souvent utilisé en situation défensive lorsque le joueur est pris à contre-pied et n'a pas le temps de se retourner pour frapper la balle de manière conventionnelle.
Bien que ce geste ait été réalisé sporadiquement par quelques joueurs avant lui, c'est Yannick Noah qui l'a véritablement popularisé dans les années 1980. Le charismatique joueur français, connu pour son jeu flamboyant et son sens du spectacle, a utilisé le coup entre les jambes à plusieurs reprises avec succès, notamment lors de son parcours victorieux à Roland-Garros en 1983.
Le tweener est devenu depuis un coup signature pour de nombreux joueurs professionnels, hommes et femmes, qui l'utilisent pour surprendre leurs adversaires et enflammer le public. Parmi les joueurs ayant réalisé des tweeners mémorables, on peut citer Roger Federer, Rafael Nadal, Nick Kyrgios, Gaël Monfils, Agnieszka Radwanska ou encore Simona Halep.
Bien que le coup entre les jambes soit souvent associé à Yannick Noah, il est important de noter que d'autres joueurs ont également contribué à son histoire. Le joueur australien Rod Laver, par exemple, a réalisé un tweener dès les années 1960, tandis que la joueuse américaine Ilana Kloss a également utilisé ce coup avec succès dans les années 1970.
Le tweener reste un coup rare et spectaculaire qui continue de fasciner les amateurs de tennis du monde entier. Sa réalisation réussie suscite toujours l'admiration et l'enthousiasme du public, et témoigne du talent et de l'audace des joueurs qui osent le tenter.
Qui l’a inventé ?
Dans un article de Ouest France, sur les gestes dans le sport, Christophe PENOIGNON indique “qu’il est difficile d’établir la paternité du « tweener » – de l’anglais « between the legs » (entre les jambes) – à l’instar de la Panenka, qui tire son nom de son créateur. Avec le fantasque Roumain Ilie Năstase, l’Argentin Guillermo Vilas fut l’un des premiers à tenter ce coup sur le circuit masculin. Il lui donna même un nom, le « Gran Willy », Guillermo étant la forme hispanique du prénom William”.
L’ancien numéro 1 mondial l’aurait tenté pour la première fois en 1974, lors d’un match d’exhibition à Buenos Aires contre le Français Wanaro N’Godrella. “La légende veut qu’il se soit inspiré du joueur de polo argentin Juan Carlos Harriott, qui, dans une publicité pour un whisky, avait exécuté un coup entre les jambes de son cheval”.
Cinq ans plus tard, le Paraguayen Victor Pecci s’essaya également au tweener sur le Central de Roland-Garros, face à Jimmy Connors. Vigilant à la volée, le caractériel Américain ne manqua pas de lui reprocher la présomptueuse tentative, d’un geste de l’index.
Il y a donc des précurseurs sud- américains, mais, la plupart des joueurs en France qui l’ont vu, vous diront - sans aucune forme de chauvinisme évidemment - que le coup entre les jambes doit ses lettres de noblesse à un Français. C’était en huitième de finale de l’US Open 1983 contre Aaron Krickstein : Yannick Noah (tout récent vainqueur de Roland-Garros) est lobé et frappe la balle entre ses jambes. Celle-ci revient, mais il gagne le point derrière ! Le public de Flushing Meadows, pourtant acquis à la cause du jeune Américain, est extatique. Le coup de l’année », dira-t-on plus tard.
« A la fin de l’entraînement, quand je suis un peu fatigué de taper dans la balle, j’essaye souvent ce genre de coup, juste pour le plaisir. Mais attention, il faut s’assurer qu’on est bien protégé avant de bien s’y essayer”, rigolera Noah en conférence de presse.
Aujourd’hui, il est beaucoup plus utilisé qu’autrefois, avant, c’était aléatoire : on tapait la balle et advienne que pourra. Désormais, beaucoup de joueurs maîtrisent ce coup, donc il est devenu assez banal. Il est néanmoins beaucoup plus rare sur le circuit féminin, même si Gabriela Sabatini, argentine comme Vilas, fut la première à s’autoriser cette friandise.
Mais alors...comment le réaliser en pratique ?
Lors de votre prochain entraînement au TCCB - Positionnez-vous dos au filet et demandez à votre adversaire de vous lober pour vous entraîner ! Le tweener est en effet un geste complexe qui demande une exécution parfaite. Le joueur doit être rapide, agile et capable d'anticiper la trajectoire de la balle. Il doit également avoir une excellente coordination œil-main et une grande force dans les jambes et le tronc.
La technique de base consiste à se positionner dos au filet, les jambes légèrement fléchies et le poids du corps équilibré. Lorsque la balle arrive, le joueur doit rapidement pivoter sur ses hanches et passer la raquette entre ses jambes. Le mouvement doit être fluide et continu, avec un transfert de poids efficace pour générer de la puissance.
Le tweener peut être joué en coup droit ou en revers, avec une prise marteau ou une prise classique. Le choix dépend de la situation, des préférences du joueur et de la hauteur de la balle.
Le scénario est simple : Quand le joueur attiré au filet se fait lober si on arrive un peu en retard sur la balle, on joue le coup entre les jambes. C’est un gain de temps, ça évite de se retourner.
Le jeu de jambes est primordial. Il faut être assez rapide pour pouvoir avancer la balle, on ne peut pas le réussir si elle est encore devant soi dans la course. C’est un travail d’ajustement, comme tous les coups du tennis, mais là, l’ajustement est encore plus important. Le coup dans le genou, ou ailleurs, est vite arrivé… Ça demande un peu coordination.
Une fois la balle située dans l’alignement des deux jambes, au niveau des genoux, le joueur doit stabiliser ses appuis, tout en lançant son bras pour casser le poignet. Ce qui est important, c’est le moment de frappe. “N’essayez pas de faire comme lui si vous voulez avoir des enfants”, lâcha d’ailleurs John McEnroe à la télévision, après un tweener gagnant de Fabrice Santoro sur Roger Federer en 2005.
ok... mais est-ce vraiment utile ?
Selon Arnaud Clément, “parce que c’est ’un coup joué par-dessous la jambe, de par le relâchement indispensable à son exécution, le tweener peut être perçu comme une forme de désinvolture. C’est souvent pour le show, pour le plaisir, car en termes d’efficacité, il y a souvent mieux à faire”. “Dans la plupart des cas, on a la possibilité de se simplifier la vie, en jouant un lob de défense par exemple, qui est pour moi le coup le plus approprié dans ce genre de situation. Le tweener doit rester le coup de la dernière chance”
Face à Marat Safin, au cours d’une demi-finale épique à l’Open d’Australie 2005, Roger Federer avait ainsi obtenu une balle de match sur laquelle il avait osé le coup entre les jambes. Il avait perdu le point, puis finalement le match.
Mais un tweener qu’on tente en passing sera vite contré par une volée. C’est pour cette raison que beaucoup développent le “tweener lob”, car cela permet de se laisser du temps pour revenir dans l’échange. Rafael Nadal s’en est d’ailleurs fait une spécialité.
Alors.. quel est le plus beau Tweener de l'histoire ?
Le mien certainement ! Mais plus sérieusement, celui d’Andre Agassi contre Chris Woodruff, lors de son Roland-Garros victorieux en 1999, avait fait se lever le public de la porte d’Auteuil. Et puis il y a les innombrables « trick shots » de l’Australien Nick Kyrgios… Ce sont souvent les joueurs qui ont une main incroyable, comme Kyrgios, Paire ou Monfils, qui réussissent ce genre de coups.
Mais les plus beaux sont aussi les plus décisifs. En demi-finale de l’US Open 2009, Roger Federer avait scotché Novak Djokovic sur un tweener-passing d’un autre monde, lui permettant de s’octroyer trois balles de match. La première fut la bonne.
Et puis il y a les variantes du coup entre les jambes, comme celui frappé face au filet. Là, c’est vraiment un coup pour le fun. Mais parfois, à la volée, notamment en double, la balle vient tellement vite que ce coup réflexe peut sauver.
Le tweener est plus qu'un simple coup de tennis. C'est un geste qui incarne l'esprit d'innovation, le dépassement de soi et la recherche de l'esthétique dans le sport. Il est devenu un symbole de la créativité et de l'audace des joueurs de tennis, un geste qui continue de fasciner et d'inspirer. Au moment d’écrire ce post, Gaël Monfils affronte Ben Shelton (20eme Mondial) en huitièmes de finale de l’Open d’Australie. Celui-ci déclare dans l’Equipe du 18 janvier 2025 : “il y a une compilation de highlights que tout le monde à dû voir sur YouTube, c’est dingue ! Pour moi, si on doit dire qui a les meilleurs highlights en comptant le baskets, la NFL… si on doit en choisir un, c’est Gaël Monfils". Cette vidéo…ne la cherchez pas ! la voici ! C’est un régal à regarder, vous y trouverez de nombreuses variantes de Tweener que maîtrise l’audacieux Monfils.
En espérant que ce post et ces vidéos vous ont inspirés, retenez qu’au TCCB, si vous réussissez un tweener en plein match, il est de bon ton d’offrir votre tournée au bar du club !
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Source : Article - Ouest France - les gestes dans le sport
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